J’ai 34 ans, je suis maman d’un enfant et j’ai choisi de me faire enlever l’utérus.

« T’es pas un peu jeune ? », « Mais tu es sûre ? », « Non Madame, ça ne se fait pas », « Et si tu veux quand même un autre enfant ? », « Heu mais c’est définitif ! », « Tu t’es bien renseignée ? », « Ah bon, pourquoi ? »

Ces questions, posées avec plus ou moins de bienveillance, je les ai entendues et la plupart je me les suis aussi bien entendu posées.

Il y a 8 ans, après avoir reçu le diagnostic (facile) de côlon irritable, suite à des douleurs au ventre quasi quotidiennes, je me suis de moi-même dirigée vers mon gynécologue qui m’a diagnostiqué quasi instantanément une endométriose. Quelques mois après je me faisais opérer : j’avais des foyers un peu partout dans l’abdomen et des adhérences entre certains organes.

Très honnêtement, ma vie n’a pas changé après cette intervention, je n’ai pas le souvenir d’avoir constaté une nette amélioration…

Mes cycles n’ont jamais été une partie de plaisir, mais depuis mon accouchement il y a plus de 3 ans, j’ai vraiment eu le sentiment de les subir, que les douleurs étaient plus fortes, les règles plus longues, etc.

J’ai essayé de remettre un stérilet aux hormones (comme j’avais avant ma grossesse), mais dès le moment où on me l’a posé, j’avais vraiment ce sentiment d’avoir un corps étranger dans mon corps. Je l’ai donc retiré peu de temps après. A ce moment, je me suis interrogée sur la ligature des trompes. J’en ai parlé avec mon gynécologue de l’époque qui m’a dit que niveau contraception ça réglerait le problème, et que ça pourrait même aider pour l’endométriose, si celle-ci devait revenir.  

Entre temps, j’ai changé de gynécologue pour diverses raisons. En discutant avec cette nouvelle doctoresse, j’ai évoqué la ligature, et là, elle m’a tout de suite dit que non, ça n’aiderait pas pour l’endométriose car j’aurai toujours mes règles ! (Et là, on ne sait plus qui-que croire…elle m’a même fait me demander si j’avais vraiment eu de l’endométriose ou si je m’étais faite opérer pour le petit porte-monnaie de mon ancien gynéco..) Elle m’a dit que pour elle, une solution serait de cautériser l’utérus (c’est-à-dire brûler l’intérieur et ainsi ne plus avoir d’endomètre et donc de règles) ou la pilule en continu. Lorsque je lui ai évoqué un peu sur le ton de « l’humour » l’ablation de l’utérus, elle m’a dit que ça ne se faisait pas.

J’ai donc réfléchi aux solutions proposées et en voyant que 30% des femmes continuent à avoir leurs règles en cautérisant, j’ai vite abandonné cette idée et de toute façon elle ne me parlait que très peu ! J’ai donc opté pour la pilule, par dépit… Chose que mon corps avait très bien comprise car les quelques pauvres jours où j’ai pris cette fameuse pilule, j’avais le sentiment de m’empoisonner (je n’aime pas l’idée de devoir prendre des hormones) et j’ai donc arrêté.

Retour au point de départ… un peu désespérée, avec des cycles toujours pénibles… Je me suis donc dit : si tu ne peux pas les changer, apprend à vivre avec ! J’ai commencé à me renseigner, à lire, chercher des infos sur comment « tirer profit », accepter, faire avec ces phases de mon cycle qui peuvent aussi m’apporter plein de choses, comme apprendre à m’écouter, à me reposer durant les règles, à utiliser mon élan de créativité juste après etc.

J’ai essayé, j’ai mis en place mon petit tableau pour savoir où j’en étais au fil du mois et que mon mari comprenne aussi mes différentes humeurs. Oui, ça a aidé, un peu, mais ça ne m’a pas enlevé les douleurs, les règles qui durent plus d’une semaine, le flux très abondant certains jours, le syndrome pré-menstruel qui s’est accentué depuis la naissance de mon fils.

Pour moi, la seule solution restait : enlever mon utérus. À mon sens, il n’avait plus d’utilité, il me gâchait plus la vie qu’autre chose… En commençant à m’informer, j’ai lu qu’on pouvait (bien) vivre sans utérus, que certes c’était une grosse opération mais pas impossible, etc.

Les mois se sont écoulés et finalement, fin 2022, j’ai décidé de changer de gynécologue car une amie me parlait tellement en bien du sien que je voulais avoir un autre (et un troisième) point de vue.

J’ai eu la chance d’avoir un rendez-vous assez rapidement et ai pu le voir avant Noël.

Je n’ai jamais rencontré un médecin aussi bienveillant, professionnel, à l’écoute, respectueux, attentif et tant d’autres choses encore ! Nous avons discuté de mes soucis, mes douleurs, etc. et il m’a demandé : quelle serait votre solution, même si elle semble impossible ? Et j’ai répondu : enlever mon utérus. Ce à quoi il me répond : ok si c’est ce que vous souhaitez.

Et là, une vague d’émotions est montée en moi ! J’avais les larmes aux yeux ! Enfin quelqu’un qui prenait ma demande en compte, qui me disait que c’était possible, que je n’étais pas « folle » de vouloir cela.

Nous avons quand même évoqué TOUS les moyens pour soulager mes douleurs et rendre plus supportables les règles (en partant de la méthode la plus naturelle pour arriver à la chirurgie), il m’a expliqué les avantages et inconvénients de chaque « traitement » et m’a donné le choix en m’invitant à y réfléchir tranquillement et à le recontacter en cas de questions ou de décision prise.

Je suis sortie de ce rendez-vous soulagée, entendue, respectée. Suite à cela, nous avons rediscuté avec mon mari de cette décision. Il est clair que cette dernière me revient car c’est mon corps, mais nous sommes un couple, une famille et il fallait être sûr que nos projets d’enfants soient terminés 🙂 Nous étions déjà très au clair avec cela avant, mais la discussion nous a permis de ré-évoquer le pourquoi de cette décision et de la confirmer.

Début janvier j’ai repris rendez-vous avec mon gynécologue pour lui confirmer mon envie de me faire opérer et fixer la date.

J’ai choisi l’hystérectomie pour ne plus avoir de règles, pour ne pas avoir à prendre de contraception hormonale ni mettre tout corps étranger en moi, pour réduire (et stopper j’espère) mes douleurs, et simplement car je ne lui trouvais plus aucune utilité dans mon corps.

Je me suis faite opérer fin mars, mon incroyable gynécologue m’a enlevé mon utérus, mes trompes de Fallope mais aussi de gros foyers d’endométriose présents sur mon ovaire gauche et les ligaments qui tenaient mon utérus (moi qui pensais ne plus en avoir…)

Je garde mes ovaires car ils sont sains et sont nécessaires à mon organisme jusqu’à la ménopause. Mes cycles hormonaux continueront, je risque d’avoir encore des changements d’humeur mais « au moins » sans tous les désagréments autour 🙂

Je sais que j’ai fait le bon choix, celui qui est juste pour moi. Je décide de prendre le temps pour ma convalescence, de m’écouter, de calmer le rythme pour prendre soin de cette partie de mon corps qui a pas mal morflé après mon accouchement (et dont je n’ai clairement pas correctement pris soin, voulant retrouver ma « vie d’avant » sans prendre le temps de me poser) et qui vient de subir une grosse intervention.

Je décide que ce prochain mois se déroulera sous le signe du lâcher prise, du prendre soin de soi, d’oser demander de l’aide, d’accepter l’aide offerte, d’accepter d’avoir une baisse au niveau moral (merci les hormones), d’accepter de ne rien faire et de ne pas être « productive », de prendre le temps que j’aurais dû prendre lors de mon post-partum.

Je suis reconnaissante d’être entourée et soutenue par mon mari, ma famille et mes amies si précieuses à mon coeur. 

Julie

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