Le clampage tardif

Le clampage tardif

On aimerait te parler du clampage tardif. Tu en as déjà entendu parler?    
   
À la naissance, il est plutôt courant, et on ne se pose même pas la question, qu’on coupe directement le cordon ombilical pour séparer le bébé du placenta et faciliter la délivrance (accouchement du placenta). ✂️   
   
Mais il existe une autre façon de faire qui se nomme le clampage tardif. Cela consiste à laisser le cordon intact après la naissance et permettre ainsi au sang présent dans le cordon de remonter jusqu’au bébé.????Ce dernier bénéficie ainsi d’une quantité supplémentaire de globules rouges, d’une réserve de fer et permet de réduire les risques d’anémie. Tout benef’ pour bébé ????????    
   
Le clampage tardif dure 1, 3, 5, 10 minutes environ selon le besoin et les professionnel-le-s présent-e-s attendront que le cordon arrête d’émettre un pouls avant de le clamper et le couper. Tu peux aussi souhaiter avoir un bébé lotus ???? et ne pas couper le cordon et le laisser sécher de façon autonome, toujours relié au placenta…
   
En revanche, si toi et/ou bébé avez besoin d’une assistance médicale à la naissance, le clampage tardif ne sera pas possible. ????   
   
Le seul bémol est qu’un apport de fer important peut augmenter les risques de jaunisse…à peser le pour et le contre donc.    
   
Pour mon fils aîné, je ne connaissais pas cette méthode donc son cordon a été coupé très vite et pour le 2e, nous avons fait un clampage tardif. Les deux vont très bien donc difficile de savoir quel impact réel cela a eu… ????  
    
Si cela te parle, relaie ton envie aux professionnel-le-s qui suivent ta grossesse et inscrits-le dans ton projet de naissance. ????    
    
Belle rencontre à toi ✨  

Yasmine

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Post-partum et transpiration excessive

Post-partum et transpiration excessive

S’il y a bien un symptôme du post-partum qui est méconnu et tabou, c’est bien celui de la transpiration excessive et/ou nocturne. ???? Et portant, c’est très commun, courant et normal que ton corps passe par cela après la naissance. On t’explique tout. ????????  

En effet, après avoir accouché, tu peux te réveiller trempée de sueur et/ou transpirer beaucoup plus que d’habitude en journée. Ton corps élimine tous les fluides qu’il a accumulé durant ta grossesse nécessaire au bon développement de ton bébé et dont il n’a désormais plus besoin. Logique non????????? 

Cela peut surprendre au début et dérouter mais sache que cela va diminuer jusqu’à disparaître en environ 4 à 6 semaines. Ton corps a mis 9 mois à se transformer donc laisse lui le temps nécessaire pour revenir à sa norme d’avant grossesse. ⏰  

Lea transpiration excessive et/ou nocturne peut aussi être accentuée avec l’allaitement et les hormones qui en découlent. ???????? 

Voici quelques trucs et astuces pour surmonter ce symptôme désagréable:  
• boire beaucoup, car en transpirant tu risques de te déshydrater (surtout si tu allaites)  
• porter des habits larges, en coton et clairs (pour éviter les tâches de transpiration)  
• dormir sur un linge et le changer durant la nuit pour dormir confortablement  
• prendre un haut de rechange en cas de sortie  
• Limiter les aliments trop chauds et/ou épices (accentuent la transpiration)  
• Boire un hydrolat d’huiles essentielles (on te donne volontiers la recette d’une sage-femme en DM, écris-nous en cas de besoin) ???? 

Dans tous les cas, ne t’inquiète pas trop, cela va passer et on espère que ces quelques conseils simples à appliquer tamiseront à mieux vivre ton post-partum. ???????? 

Yasmine

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Les différentes solutions de garde

Les différentes solutions de garde

Tu es enceinte et dans ta to-do-list, il y a noté : « Trouver un mode de garde pour bébé » (si tu prévois de retourner au travail ou pas !). Ok, mais concrètement, quelles sont les options qui s’offrent à toi ?     

Nous te proposons ici les différentes options qui existent en Suisse Romande. Pour choisir, réfléchis à l’environnement qui te semble le plus approprié à l’éveil et au confort de ton enfant, à votre logistique (durée, trajet, retard, maladie, etc.), vos horaires et votre budget. Fais des recherches, pèse le pour et le contre de chaque option et tu sauras ainsi celle qui te convient le mieux. Et la meilleure option pour toi sera aussi la meilleure option pour ton enfant !     

– La garderie/crèche : En Suisse, dès le fin du congé maternité (16 semaines), à temps plein ou partiel, selon ton besoin. Accueil par un-e professionnel-le de l’enfance diplômé-e. Il existe des garderies publiques (subventionnées par la commune), semi-privées ou privées (le tarif journalier change). Enfant accueilli avec d’autres enfants de son âge (collectivité) et locaux adaptés à son âge.

Accueillant-e en milieu familial ou « Maman de jour » : Un-e accueillant-e formé-e accueille un petit groupe d’enfant d’âges différents à son propre domicile. L’enfant retrouve une vie familiale et peut évoluer à son rythme. Attention: si l’accueillant-e est malade, pas toujours de solution de remplacement…

– Le-la nounou : Tu engages quelqu’un pour venir garder ton enfant chez toi. Grande flexibilité des horaires et garde maintenue même si ton enfant est malade. Cela reste un mode de garde très onéreux. Attention: manque de socialisation de l’enfant et choisis du personnel formé, car pas de surveillance durant la garde.

– Le-la jeune au pair : Accueil d’un-e jeune qui partage ta vie de famille, contre des heures de garde (30-40 heures/semaine max.). Idéal si tu as plusieurs enfants et travailles à temps partiel. Attention: personne non formée et non-francophone. Il faut aussi lui fournir une chambre individuelle.

– La crèche à domicile : Nouveau mode de garde, équivalent à une crèche mais accueillant des enfants de 4 mois à 12 ans dans le même groupe (env. 10 enfants). Permet aux fratries d’être dans le même groupe et de se côtoyer. Projet-pilote.

Après avoir choisi ton mode de garde, t’être inscrit-e auprès de l’office compétent et d’avoir entamé les démarches, PROFITE de ton congé maternité/paternité auprès de ton bébé. Le jour où tu devras retourner au travail arrivera bien assez vite !

Bonne sélection et on croise les doigts pour que tu trouves une place ???????????? Il y effectivement pénurie de place d’accueil donc nous te conseillons de t’y prendre tôt dans ta grossesse !

Yasmine

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La « cascade d’amour » à l’accouchement

La « cascade d’amour » à l’accouchement

Il paraît que lors de l’accouchement, au moment de la sortie du bébé, une « cascade d’amour » te tombe instantanément et inévitablement dessus. Mythe ou réalité ?

Premièrement, cela peut, bien évidemment, arriver (je l’ai vécu pour mon deuxième fils) et quand cela arrive c’est fantastique…C’est donc possible, ça existe et tant mieux !

Mais ça peut aussi ne pas arriver, pas tout de suite, selon différents paramètres et, à travers ce post, on souhaite transmettre que c’est courant, que c’est ok et que ça fait quand même de toi le meilleur parent pour ton enfant.

Voici une liste non-exhaustive de ce qui peut faire que tu ne ressens pas cette cascade d’amour au moment de la naissance :
– Tu peux vivre un accouchement traumatique, auquel tu ne t’attendais pas et tu es complètement sonné-e, en état de choc, au moment où sort ton enfant.
– Tu peux être tombé-e amoureus-e de ton enfant lors de l’annonce de ta grossesse, lors des premiers coups ressentis, lors de la découverte du sexe, etc. (C’est ce que j’ai vécu pour mon 1er). Du coup, lors de la naissance, c’est une évidence.
– Tu peux ressentir un besoin très fort de protéger et de t’occuper de ton enfant mais ne pas réussir à encore identifier le sentiment d’amour « inconditionnel ».
– Tu peux aussi ressentir un sentiment si nouveau, si bouleversant, si intense que tu n’arrives pas, dans un premier temps, à l’identifier à l’amour que tu as pu ressentir jusqu’alors (couple, famille, amitié, etc.).
– Tu as besoin de prendre le temps de rencontrer ton enfant, de le reconnaître, de te remettre émotionnellement et physiquement, d’atterrir après cette folle aventure qu’est l’accouchement, etc.
– Ton nouveau-né est aussi un individu à part entière, il peut donc y avoir un écart entre ton enfant rêvé et idéalisé et celui qu’il est réellement (au niveau du son caractère, de son physique, etc.). Il faut donc prendre le temps d’apprendre à vous connaître.

Tu l’auras compris, tu peux plus ou moins ressentir mille et unes émotions au moment de la naissance de ton enfant et ton histoire te sera propre et unique en son genre.

Sois donc indulgent-e avec toi-même, autorise-toi à prendre le temps de vivre chaque instant, de rencontrer ton enfant et de l’apprivoiser.

Yasmine

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Faire le choix de ne pas avoir d’enfant – Témoignage de Léa

Faire le choix de ne pas avoir d’enfant – Témoignage de Léa

En 2022, il est encore tabou et mal perçu de décider et clamer que l’on ne souhaite pas d’enfant, que c’est un choix et qu’on ne veut pas de cette vie-là. Aujourd’hui encore, la société attend de nous, surtout des femmes, on ne va pas se le cacher, que l’on procrée, que l’on enfante et que l’on participe à la survie de l’humanité ????. D’un homme qui ne veut pas d’enfant, on va dire de lui qu’il est carriériste sans juger, car la paternité ne fait pas partie de son identité virile construite par la société. Au contraire, d’une femme ne voulant pas d’enfant, on dira d’elle qu’elle changera sûrement d’avis quand elle sera amoureuse ou quand l’horloge biologique sonnera. La société actuelle identifie une femme comme complète lorsqu’elle est mère, cela fait partie intégrante des rôles qu’on attend de nous. 

Du coup, il est parfois difficile d’assumer ouvertement de faire le choix de ne pas vouloir d’enfant. Et on ne va pas se le cacher, ce choix est extrêmement intelligent et altruiste : il s’agit d’anticiper une vie avec un enfant dépendant de soi et ayant un impact sur tout ce que tu as mis plusieurs années à construire (carrière, vie sociale, couple, loisirs, finances, etc.). Un vrai cyclone ????. Faire le choix de ne pas en vouloir revient donc à dire qu’on se choisit soi, sa carrière, ses loisirs, son indépendance, sa liberté. 

Personnellement, je ne comprenais pas ce choix avant d’avoir des enfants, car je désirais tellement en avoir, que l’idée de ne pas en vouloir me dépassait. Aujourd’hui, en étant mère, avec toutes les responsabilités et l’engagement de soi que cela demande en permanence, je comprends et applaudis ce choix. Attention, en rien je ne regrette mon choix et j’aime mes enfants du plus profond de mon être, mais mon point de vue sur la question a changé et je pense que ces personnes ont peut-être, au final, juste une vision plus réaliste et sincère de la vie de parent que ceux qui en rêvent et l’idéalisent (ceux-là même qui se prennent une claque à la naissance, comme moi ????). 

Faire le choix de ne pas en avoir est donc perçu comme un “affront” et reste un immense tabou. Alors parlons-en, libérons la parole et choisissons ce que NOUS trouvons juste pour NOS vies. ???? 

J’ai pu discuter avec Léa, qui a fait le choix de ne pas avoir d’enfant. Elle a 35 ans, vit à Lausanne et est publicitaire. Elle est en couple depuis 8 ans et voici son témoignage. Merci à elle pour sa sincérité et son engagement ! ✨

 

  1. Léa, as-tu toujours su que tu ne voudrais pas d’enfant ou y a-t-il eu un évènement particulier, un moment charnière dont tu te souviennes ? 
  2. Petite fille, quels rapports as-tu eu avec la maternité à travers le jeu (jouer à papa-maman, à la poupée, etc.) et le choix des jouets mis à ta disposition ? 
  3. Quels rapports entretiens-tu avec les enfants présents dans ton entourage (famille, amis, etc.) ? 

Je ne me souviens pas de quand j’étais toute petite, mais mes parents m’ont toujours dit que je n’étais pas à l’aise avec les autres bébés. Pour mes 2 ans, un membre de ma famille m’a offert une poupée et j’ai fait une attaque de panique ! Ce truc me faisait peur et je n’ai jamais joué avec. Je n’ai jamais eu de poupées. J’ai l’impression qu’il y a quelque chose de l’ordre de l’inné là-dedans car quand j’étais petite je n’étais jamais très à l’aise avec les enfants plus jeunes que moi.  

Dans mon entourage, je n’ai pas eu de cousins de mon âge, ils étaient tous ados. J’ai eu un petit frère (demi-frère) plus tard. On a 7 ans d’écart. Donc à part mes copines de classe, je ne côtoyais pas d’enfants de mon âge, ni plus jeunes. Quand je voyais d’autres enfants, je ne cherchais pas trop le contact, je préférais rester avec les adultes ou rester seule. J’ai été éduquée comme une fille unique et cela ne me posait pas de problème, j’aimais bien ça.  

 

Au niveau de mon éducation, c’était vraiment axé « petite fille », ma maman était attentive aux jeux que j’aimais ou pas. J’aimais les jeux de « petites filles », j’avais beaucoup de peluches et de nounours. Et peut-être que dans le jeu je me comportais avec comme je l’aurais fait avec une poupée : je leur faisais à manger, je leur faisais des anniversaires, des câlins, etc. Mais, ce n’étaient pas mes enfants, mais mes animaux de compagnie. Il y avait quand même un rapport « maternel ».  

 

A l’adolescence, ça s’est fait assez naturellement, car je ne me suis jamais imaginée avoir des enfants. D’ailleurs même petite fille, lorsque l’on faisait des « jeux de rôle » avec mes copines, qu’on s’imaginait une vie, moi je travaillais, je n’étais pas mariée mais libre et indépendante ! C’était comme ça que je me projetais dans la vie. Je n’ai jamais imaginé avoir des enfants et ce que ça pourrait être. Quand mes copines jouaient au papa et à la maman, elles se battaient toutes pour faire la maman et moi je faisais le papa et j’allais travailler ! 

 

Je ne pense pas qu’il y ait eu un déclencheur, c’est plutôt un continuum. Et assez vite, vers 13-14 ans, quand on me posait la question « Et toi tu auras des enfants ? », je crois que j’ai toujours dit non. Ce genre de questions venait plutôt de la famille du côté de mon père.  

 

Donc pour moi, c’est quelque chose que j’ai toujours su et que j’ai formalisé quand on m’a posé frontalement la question.  

 

Même quand on me posait la question, cela ne me faisait pas douter quand je me retrouvais seule, c’était une évidence. Bien sûr, je me suis posée la question plus tard, quand ça pouvait devenir concret avec le début des relations sexuelles. Là je me disais : « Si ça me tombe dessus je fais quoi ? » 

Mais je crois que je n’ai jamais remis en question ce choix, à aucun moment et ça ne m’a jamais questionné. Ce qui me questionnait plus, c’était la réaction que je pouvais obtenir des gens quand je disais ouvertement que je ne voulais pas d’enfant.  

 

J’avais comme réaction les classiques : « Tu dis ça maintenant, tu verras plus tard », « Oh évidemment maintenant tu es trop jeune », « Tu n’as pas rencontré la bonne personne », « Tu regretteras quand tu seras vieille, quand il n’y aura personne qui viendra te voir ». Ce qui est complétement absurde ! On peut avoir des amis non ? 

J’ai senti que c’était des réactions qui étaient mesurées car c’était ma famille. Mais le fond était tout de même assez agressif et je sentais que les gens pensaient « Si tu fais ce choix, tu auras une vie bien merdique ».  

 

Ce qui me questionnait plus, c’était pourquoi mon choix était si incompréhensible ? Que les gens ne pouvaient pas comprendre que je voulais ma liberté ? Le simple fait d’exprimer quelque chose de différent était réprimé.  

4. Quels rapports as-tu avec tes parents/famille ? Cela a-t-il un lien avec ce choix ? 

Ma mère a elle-même eu un rapport compliqué à la maternité. Elle était très contente d’avoir eu une fille, mais au départ ce n’était pas forcément simple. Elle aurait pu rester sans enfant, si cela ne s’était pas présenté.  

Pour elle, ça été compliqué le fait d’attendre un enfant, du moment où elle s’est rendu compte qu’elle était enceinte, la panique et jusqu’à l’accouchement. Mais par la suite, il semblerait que ça ait été assez facile. Donc je ne pense pas qu’elle m’ait montré ces difficultés, que ça m’ait fait faire le choix de ne pas avoir d’enfant.  

Elle comprend donc très bien quels sont mes doutes. Actuellement, nous n’en parlons pas forcément plus que ça. Une fois, elle a juste dit que cela lui aurait plu d’être grand-mère. Mais c’est juste une projection !  

 

Je ne pense pas que mes parents m’aient poussé dans un sens ou dans l’autre par rapport à mon choix. Peut-être que mon père était lui un peu pris par la tradition : famille catholique, originaire d’Espagne, on fait des enfants parce que c’est comme ça et en même temps mes parents ont divorcés quand j’étais petite et il a donc « retrouvé » sa liberté qui lui plaisait.  

 

D’ailleurs pour moi, la liberté fait partie de mes valeurs fondamentales et j’ai l’impression que je ne pourrais pas être pleinement libre, comme moi je le souhaite, si j’avais des enfants.  

Dans ma vie quotidienne, je m’implique beaucoup dans ce que je fais, je fais plus que ce qu’on me demande, je tiens mes engagements, etc. Et j’ai le sentiment qu’avec un enfant, je perdrais ce sentiment de légèreté, de spontanéité, qui est parfois déjà difficile à trouver dans mon quotidien. Et ça m’angoisse de me dire qu’une personne dépend de moi, qu’il y a toujours cette inquiétude pour ton enfant, la responsabilité, etc.  

Je pense que c’est pour ça que souvent les gens disent que ceux qui ne veulent pas d’enfant sont égoïstes car on veut sauvegarder de l’espace à soi, du temps, de l’espace mental. 

5. Dans tes relations amoureuses, est-ce un élément que tu annonces directement ou attends-tu quelques temps avant d’en parler ? Si oui, pourquoi ?

6. Quels ont-été les réactions de ton-tes partenaire-s à cette annonce ? Est-ce que cela a eu une incidence sur votre couple ? As-tu déjà envisagé de changer d’avis pour un partenaire ? 

Je l’ai toujours dit, enfin, plus quand j’avais 17-18 ans. Je ressentais le besoin de le préciser, j’ai toujours été transparente sur la question et j’ai toujours dit « T’en fais pas, je me protège à double car c’est hors de question que je tombe enceinte ! », aussi pour rassurer mes premiers partenaires car ce n’est pas à ce moment qu’un accident est bienvenu.  

Mais c’était aussi un moyen de dire « Quoiqu’il arrive, je n’aurais pas d’enfant et je serais prête à avorter si je tombe enceinte ». Je pense que ça rassurait mes copains à ce moment-là. 

 

Plus tard, quand j’ai rencontré mon conjoint actuel (à 30 ans), je lui en ai très vite parlé. Pour moi, c’était important de mettre les choses au clair très vite car si lui son rêve c’était d’avoir une famille, moi ça ne m’intéressait pas.  Je ne voulais surtout pas lui faire perdre du temps si avoir des enfants était dans son projet de vie.  

 

On en a quand même reparlé il y a quelques années, car il y a eu une « vague » de nos amis qui ont eu des enfants et je lui ai donc reposé la question : « Est-ce que de voir tous tes copains avoir des enfants ne te donne pas envie ? ». Il n’était pas forcément plus décidé sur la question. C’est donc statu quo, mais si cela devait changer de son côté, j’aimerais être au courant pour pouvoir me positionner par rapport à ça. De mon côté, je sais que je ne changerai pas d’avis. Mais pour moi, c’est une décision de couple. Si tout à coup lui voulait des enfants mais souhaitait rester en couple avec moi, je prendrais peut-être la décision de le quitter pour lui « rendre sa liberté » car cela pourrait changer quelque chose dans notre couple.  

 

Pour ma part, de voir tous nos amis devenir parents m’a quand même questionné mais finalement cela m’a conforté dans mon choix. Cela me rend bien entendu très heureuse pour eux, mais de voir ce cataclysme dans leurs vies, de voir que ça change le rapport d’amitié (même s’il revient), m’a confirmé que cela n’est pas fait pour moi.  

 

Par rapport à mon conjoint, je n’aimerais pas être avec quelqu’un qui me dise : « Mais quoi, tu ne veux pas d’enfant, c’est quand même la vie ! », etc.  

 

Par contre ce qui me questionne parfois, c’est si un jour je me sépare de mon compagnon actuel, que je rencontre un autre homme qui a des enfants : comment je gère le fait que, la personne avec qui je suis, a sa propre famille ? Avec des valeurs familiales importantes ? Mais je n’y pense pas trop car ce n’est pas actuel. Mais là comme ça, je pense que ça pourrait être un frein si la personne a déjà des enfants, surtout s’ils sont jeunes, car je n’ai toujours pas tellement de rapport avec les petits (comme lorsque j’étais enfant).  

 

D’ailleurs, quand je vois mes amies, c’est souvent sans les enfants car pour elles, c’est un espace de liberté et moi je ne réclame pas de les voir. Bien sûr, je suis contente d’avoir de leurs nouvelles, qu’elles me racontent, etc. Si je me retrouve avec des enfants, je suis un peu perdue ! Je vais faire attention à ce qu’ils ne se fassent pas mal, leur donner à boire et à manger, mais à part ça ! Je ne sais pas faire et cela me demande beaucoup d’efforts !  
C’est pour cela que je ne me verrais pas « belle-mère ». Ce n’est pas forcément que je « n’aime pas » les enfants, mais je n’ai pas les codes, je ne les ai pas appris, je ne sais pas comment faire ! 

 

Mon choix n’a jamais été un frein dans d’autres relations car si je n’étais pas respectée dans ce choix, je n’allais pas plus loin. Et pour moi, c’était important de me positionner direct pour ne pas entamer une relation qui ne durerait de toute façon pas si nos projets n’étaient pas les mêmes.  

7. Quelle place trouves-tu que la société donne aux femmes qui annoncent ne pas vouloir d’enfant ? Ressens-tu une pression, des injonctions t’indiquant qu’on attend de toi que tu enfantes ? 

Je ne ressens plus trop ces injonctions, ce n’est plus un débat. Mais j’ai aussi l’impression qu’on n’ose plus me poser des questions ! Surtout si je rencontre de nouvelles personnes et qu’à la question je réponds « Non, je n’ai jamais voulu avoir d’enfant », la discussion ne va pas aller plus loin sur ce thème, ils ne cherchent pas à savoir pourquoi. Au moins on n’essaye pas de me convaincre d’avoir des enfants contre mon gré ! Il y a du progrès!  

 

Lorsque j’en ai un peu parlé avec ma gynécologue, elle m’a dit : « Vous avez raison, il faut suivre vos envies ». J’ai trouvé cette réaction chouette car je m’attendais, au contraire, à ne pas être comprise dans ce choix.  

 

Je trouve que ces injonctions de genre et de statut sont très présentes dans la publicité et cela me rend folle ! C’est extrêmement rare qu’on ne voie pas subtilement (par un dessin en arrière-plan par ex.) qu’une femme est mère. Mais à mon avis ce n’est pas conscient, ça fait partie du « moule ». 

 

8. Comment as-tu annoncé à ta famille, amis, collègues ton choix ? Comment est-ce que ça a été reçu et quelle place font-ils à ton choix ? As-tu eu des réactions “jugeantes” ? Ressens-tu que c’est un sujet tabou ? 

Les gens ont vraiment questionné mon choix du pourquoi je ne voulais pas d’enfant plus tard, à partir de 25-30 ans. Mais aussi parce que depuis 5-10 ans, le sujet se « détend » au niveau sociétal, il y a plus cette notion du choix. J’ai vraiment ressenti ça depuis ces 5-7 dernières années lorsque je dis aux gens que je ne veux pas d’enfant, ils me disent « Ah ouais, ok ! », ce n’est plus un débat. Après c’est peut-être aussi dépendant des gens que j’ai dans mon entourage, qui sont peut-être plus ouverts, bienveillants et compréhensifs.  

J’ai eu plus de réactions de la part de femmes que d’hommes. Ces derniers s’en fichent ! Et venant de femmes de la génération de ma grand-mère, par exemple, qui avaient « peur » à chaque rapport de tomber enceinte, je trouve cela paradoxal. Elles n’ont pas forcément été mères par choix et je trouve dommage qu’elles ne puissent pas « accepter », se réjouir que maintenant des femmes aient et assument ce choix de ne pas vouloir avoir d’enfant. J’ai aussi l’impression que ces générations ont oublié ce que c’est d’avoir un enfant. Elles ne parlent que du fait que c’était merveilleux. Mais elles ont peut-être oublié que ce n’était pas un choix d’être mère à 19 ans, que c’était compliqué, qu’elles n’avaient pas les ressources comme maintenant, peut-être que si elles avaient eu le choix elles auraient attendu un peu, etc.  

Mais je trouve que c’est parfois des réactions surprenantes !  

 

Souvent, on dit des gens qui ne veulent pas d’enfant qu’ils sont égoïstes, car on ne fait pas le choix de se dévouer à quelqu’un d’autre. J’ai ressenti ça du côté de ma grand-mère paternelle qui prend ça comme un « pêché », ne pas vouloir se dévouer à sa famille qui est le rôle de la femme. C’est typiquement le genre de personne qui dès que je suis née, s’est projetée comme arrière-grand-mère ! Et elle m’a d’ailleurs souvent dit : « Dépêche-toi car je ne serai pas éternelle ».  

9. Connais-tu des sites spécialisés, comptes Instagram, associations, etc. vers qui tu as pu te tourner ou auprès desquel-le-s tu as trouvé ressource ? 

S’il y a des articles ou des podcasts qui en parlent, je lis ou j’écoute car cela m’intéresse. Je trouve qu’il faut soutenir ce genre de démarche.  

 

10. As-tu des conseils à donner à une personne qui ne veut pas d’enfant mais hésite à assumer et clamer ce choix (notamment une femme qui ne veut pas d’enfant mais qui subit de la pression de la part de son partenaire/famille, etc.) ? 

C’est compliqué ! J’ai pas mal de copines qui se questionnaient sur ce désir et finalement à force d’en parler avec leur compagnon, elles se sont laissées convaincre. Heureusement, elles sont toutes ravies de leur choix. Mais personnellement, je trouve que c’est assez dangereux ! C’est un sacré coup de poker si tu n’es pas sûre de ce que tu veux !  

Déjà que les réactions dans les familles lorsqu’on ne veut pas d’enfant sont compliquées, c’est encore pire si une femme exprime qu’elle regrette d’en avoir eu !  

Mes conseils : 

  • Prendre du temps pour réfléchir soi-même, personne d’autre que toi peut analyser cette envie. En étant en couple, on a tendance à se laisser convaincre. Il faut tendre vers un ressenti, une décision qui t’est propre et solide, afin de ne pas te laisser envahir par les envies des autres.  
  • Ce sont des questions à se poser rapidement dans une relation, avant d’être trop « installé-e » dans cette dernière.  
  • Essayer de prendre du recul par rapport aux désirs des autres, se recentrer sur soi, de son propre désir. On ne fait pas des enfants pour les autres, surtout qu’actuellement c’est encore beaucoup la femme qui porte la charge d’avoir un enfant, physiquement, la charge de la société, la charge mentale.  
  • Pour moi c’est sain de se poser la question. Bien sûr qu’un enfant se fait à deux, mais il faut se poser la question de son propre choix et l’homme doit aussi se poser la question ! Tu fais un enfant à deux, mais tu peux potentiellement te retrouver seul-e à un moment donné et il faut se demander si on est prêt à ça ?  
  • C’est un processus qui prend du temps ! Du coup, si tu as un conjoint qui te presse, c’est compliqué de faire ce chemin de pensée.  

On se pose souvent beaucoup de questions lorsqu’on ne veut pas un enfant, mais je trouverais aussi intéressant de se poser la question : « Pourquoi je veux un enfant ? », car il n’y a pas que des bonnes raisons (par ex. si c’est pour réparer qqch de son enfance). Cela ramène aussi aux valeurs du couple et de chacune des deux personnes. 

Merci beaucoup Léa pour cet échange passionnant et cette discussion à cœur ouvert .

Yasmine

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